Panel 8: Le Leadership Féminin

La tenue de ce panel d’échanges sur le leadership féminin a vu la participation de six (06) panélistes qui se sont succédées.

La première communication est celle de Mme. Mariam Dao GABALA (Sénatrice – Côte d’Ivoire). Son exposé a porté en substance sur ses convictions propres pour le combat de l’autonomisation des femmes. Elle milite pour la cause des femmes pour une plus grande représentation des femmes au niveau des instances de décision du pays. Son argumentaire s’est bâti autour de plusieurs points dont le premier portait sur l’objectif de bâtir des territoires durables. Pour elle, la ville durable est celle qui a le plus d’infrastructures qui vivent, perdurent et se réservent aux générations à venir. Laquelle vision qu’elle qualifie de “bâtir sur l’humain” et pas uniquement sur les infrastructures. Pour Mme. Mariam Dao GABALA, il faut un développement participatif inclusif, impliquant les femmes qui ne cessent de montrer leur leadership. Ensuite, abordant le volet de l’économie alimentaire, selon la panéliste, l’implication des femmes se manifeste depuis le niveau de production jusqu’au niveau de commercialisation du vivrier, base de l’alimentation des peuples. Cependant, pour la panéliste, ce leadership n’est pas suffisamment mis en lumière du fait qu’il ne concerne pas les cultures de rente (café, cacao, anacarde, etc.). En outre, Mme. Mariam Dao GABALA, trouve important la valeur sociale du leadership féminin. Toutefois, elle déplore l’absence des femmes au niveau des cercles de prise de décisions comme principal obstacle à un changement sociétal notable (Gouvernement, Sénat, Assemblée nationale, etc.). Parlant du cas particulier de la gestion communale, la panéliste termine son intervention, en soulignant que le principal obstacle à l’intégration des femmes au développement participatif est la mentalité des femmes elles-mêmes. Pour elle, ces dernières ont été éduquées à demeurer dans l’ombre des hommes par des actions de second plan. Le changement viendra donc par l’acceptation des femmes à servir au haut niveau car elles le font déjà suffisamment au bas de l’échelle.

A sa suite, on note l’intervention de Mme. REKI Djermakoye (PDG à 2M INVEST Niger), qui a partagé l’expérience nigérienne sur la question. On retient avec elle, que le développement participatif au Niger est vieux de 30 ans. Il est axé sur la contribution des femmes qui s’évalue au niveau des grandes villes, à l’échelle communale et même aux sphères rurales. Organisées en groupement ou coopératives, les prémices de la gestion participative des femmes ont été la contribution de fonds communs, de caisses autogénérées de financements pour porter des projets économiques. Pour elle, ce modèle doit son succès à l’adhésion des autorités locales à soutenir et accompagner cette initiative. L’évolution de cette contribution des femmes au développement des espaces au Niger a poussé ces dernières à intégrer des instances décisionnelles et politiques pour davantage marquer leur leadership. Toujours selon la panéliste, augmenter les attributions et ressources de la femme produit tout de suite l’effet d’améliorer les conditions des ménages, des familles et plus loin au bien-être des sociétés au plan de la santé, de la scolarisation, de la sécurité alimentaire des populations, etc. De ce fait, Mme. REKI Djermakoye conclut en affirmant que le succès d’un développement participatif réel exige de miser sur les femmes à travers leur formation, leur accompagnement et de leur offrir une plus grande tribune aux instances de décisions.

Mme. Carolina TORO (Politologue, experte en politique de gestion publique – Etats Unis d’Amérique), pour sa part, a présenté brièvement la situation du leadership des femmes au Mexique. L’on retiendra avec elle qu’il y a de plus en plus de fortes mobilisations de femmes pour la revendication de leurs Droits. Selon elle, on assiste au Mexique à une appropriation de la Démocratie et du pouvoir citoyen par les femmes. Cela s’est manifesté notamment par la forte mobilisation des femmes pendant la pandémie de la COVID-19 afin de tenir en éveil la population et de participer aux prises de décisions, dit-elle. De plus, elle fait remarquer que les femmes mexicaines exercent une forte pression sur le pouvoir législatif pour l’adoption de loi. A cet effet, selon Mme. Carolina TORO, on enregistre au Mexique 49% de femmes au Sénat et 50% de femmes au Parlement, ce qui représente une avancée notable pour la Démocratie participative. Elle termine son intervention pour dire que les femmes de façon générale sont en train de révolutionner le monde, elles ont été comme des catalyseurs pour les demandes d’un monde de Droit.

Quant à Mme. Espérance MWAMIKAZI (Coordinatrice du programme chez APEF asbl – République Démocratique du Congo), elle a partagé également son expérience en matière de leadership féminin au Congo. Pour elle, l’engagement féminin au développement participatif est l’une des clés du modèle congolais. Selon la panéliste, s’il est indéniable que les obstacles à la contribution des femmes ne cessent de s’étendre, l’impératif de leur présence au premier rang des instances décisionnelles doit prévaloir. Elle préconise davantage de décisions concertées (hommes/femmes), car les idées et aspirations des femmes vont toujours dans un intérêt commun global de la société.

Parlant des espoirs qu’elle nourrit à l’avancée du leadership féminin, Mme. Espérance MWAMIKAZI, se réjouit qu’il y a au Congo de plus en plus de scolarisation des jeunes filles, de baisse des mariages forcés et précoces, d’intégration des femmes à des fonctions dont elles étaient exclues par le passé, etc. Elle insiste notamment sur le fait de promouvoir des femmes aux hautes instances de décision afin qu’elles servent de modèle pour la jeunesse et invite la gente masculine à les considérer comme leur égal.

On retient pour finir avec Mme. Espérance MWAMIKAZI, que l’éducation d’une nation commence par l’éducation de la femme, et que la seule alternative au développement intégral de la société passe par le développement du leadership dans l’aspect du genre. En ce sens, elle insiste sur le fait que la complétude des rapports homme-femme, qui conformément aux ODD 2030, promet une égalité du genre plus répandue.

En outre, Mme. KONAN (Fédérale des associations de femmes de Cocody), a également apporté sa contribution sur la question du leadership féminin. Pour la première responsable du collectif des associations de femmes de Cocody, convier les femmes à ces débats est un signe de leur implication par les autorités à la Démocratie participative.

Elle n’a pas manqué de remercier l’OIDP de l’opportunité offerte à la Côte d’Ivoire, à travers la commune de Cocody, pour échanger sur des questions qui sont d’actualité. Répondant à l’interrogation qui a guidé sa contribution, qui est de savoir la façon dont le leadership féminin contribue à approfondir la Démocratie participative dans notre société, elle part du principe selon lequel la notion de leadership féminin soit au coeur des débats, et surtout que l’on constate que cette notion se propage de plus en plus dans les programmes de formations professionnelles. Cela semble plutôt prometteur selon elle dans l’optique de renforcer les compétences managériales des femmes, de renforcer leur leadership, de s’assumer soi-même afin d’occuper de hautes fonctions et de s’imposer dans des secteurs d’activités préalablement réservés aux hommes. Elle continue son propos, en exhortant les décideurs à se pencher sur les problèmes sociaux qui touchent plus significativement la gent féminine, afin de trouver solutions durables pour une présence plus importante de des femmes aux hautes fonctions administratives, politiques et économiques. Cependant elle accuse les charges domestiques et familiales des femmes d’entraver leur quête d’implication et de participation au règlement des problèmes socio-économique. Elle conclut son intervention sur l’espoir d’une parité du genre pour un développement participatif impliquant davantage les femmes.

La sixième (6ème) et dernière communication fut celle de Mme. N’ZI Odette (4ème Adjoint au Maire de Cocody). On retient essentiellement avec Mme. N’ZI Odette, que le leadership féminin va de paire avec l’approche du genre. Il faut selon elle, repositionner la femme dans la société et ce, depuis l’éducation de la jeune fille. Cette éducation selon Mme N’ZI Odette, se doit de lui inculquer non seulement des valeurs de femme de famille au soin des siens, mais aussi des valeurs de femme autonome, de femme leader impactant sa génération.

Au terme des présentations des différentes panélistes, la modératrice Mme. Cristina BLOJ (Enseignant-Chercheur à l’Université de Rosario – Argentine), a fait place à la série des échanges. A cet effet, M. PINDOU de la République Démocratique du Congo, prenant la parole s’est adressé à la 6ème panéliste. Il a posé la préoccupation de savoir la place de la femme en situation de handicap dans le combat pour le leadership féminin ; et de savoir les stratégies mises en place par la mairie de Cocody pour qu’elles atteignent le même niveau de leadership que celles qui sont à des instances décisionnelles. La seconde intervention dans le public est venue de Mme. DIALLO de la Mauritanie. Elle s’est interrogée sur le fait que tous les panélistes sur la question du leadership féminin soient toutes des femmes. La troisième et dernière intervenante, est une Mauritanienne qui pour sa part a apporté une contribution. La quintessence de son propos est de repositionner la femme dans la société.

En réponse à ces différentes préoccupations et contributions, la 6ème panéliste, Mme. N’ZI Odette, s’est voulue rassurante sur la situation des femmes en situation de handicap. Selon elle, ces femmes sont prises en compte, elles bénéficient d’un suivi constant et participent aux activités de la commune de Cocody. Pour finir, s’adressant à la Dame de la Mauritanie, elle pense qu’il faut une discrimination positive de la femme pour une société plus juste.

Téléchargez le document ici: https://oidp-afrique.org/wp-content/uploads/2021/11/12-LE-LEADERSHIP-FEMININ.pdf

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