FIDEPA 4: Quatre thématiques d’enjeu pour le continent discutés par des experts africains et du Monde

« Justice climatique pour les plus vulnérables »

Les pays africains, notamment les dix nations les plus pauvres du monde, réclament une justice climatique en raison de leur vulnérabilité accrue. En effet, selon M. Bachir Kanouté, Secrétaire Général de l’OIDP Afrique, l’Afrique représente moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine, mais elle est le continent le plus vulnérable aux effets des changements climatiques. Parmi les 24 pays les plus exposés aux bouleversements climatiques, 15 sont africains. Ces pays font face à de sérieuses difficultés d’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’assainissement et à une extrême pauvreté, et lorsque des catastrophes naturelles telles que les inondations et les cyclones surviennent, elles aggravent encore davantage leurs conditions de vie (habitat, sécurité alimentaire, économie, etc.).

A ce titre, ces pays insistent donc sur le fait que les politiques mondiales de lutte contre le changement climatique ne peuvent pas être identiques à celles des pays les plus riches, car ces derniers ont un meilleur accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’assainissement et aux ressources financières.

L’universitaire José Langa a souligné qu’il était temps que les pays pauvres définissent leur propre programme de lutte contre le changement climatique. En raison de leur vulnérabilité sociale et économique, ils sont contraints de suivre les programmes définis par les pays plus riches, qui ne comprennent pas pleinement la réalité des pays africains ni leurs défis spécifiques liés au changement climatique. Il a plaidé en faveur de la justice climatique, soulignant que les territoires africains souffrant de pauvreté mettent beaucoup plus de temps à se remettre des effets des catastrophes naturelles, car celles-ci aggravent leurs problèmes préexistants, notamment le manque d’infrastructures résilientes et de ressources financières et technologiques.

Le Dr Langa a également appelé les villes africaines à s’unir pour définir un agenda africain et à capitaliser sur les connaissances locales des communautés, afin que l’Afrique puisse avoir une voix dans les discussions mondiales sur le changement climatique.

De son côté, le représentant de l’organisation de la société civile Livaningo Clemente Ntauazi, a souligné l’existence de nombreuses politiques et législations sur le sujet, mais a déploré qu’elles soient souvent mises en œuvre de manière descendante, sans prendre en compte la contribution des communautés qui subissent réellement les effets du changement climatique. Il a exhorté à inclure et à impliquer davantage les communautés dans l’élaboration des politiques sur ce sujet, étant donné que ces communautés dépendent souvent des ressources naturelles pour leur survie.

Letícia Meque, de la Youth Platform for Climate Action, a révélé que son organisation contribue à la lutte, en intervenant auprès des enfants et des jeunes pour les sensibiliser au changement climatique à travers des formations, et ce dans le but de leur permettre d’agir de manière éclairée dans l’avenir pour atténuer et réduire les effets du changement climatique.

Et enfin, le professeur Yves Cabanes de l’Université de Londres a mentionné que la question du changement climatique est à l’ordre du jour de nombreuses villes dans le monde, comme en témoignent les projets sélectionnés et mis en œuvre dans le cadre du budget participatif, tels que la reforestation, le reboisement, la protection des zones écologiques et les dispositifs d’alerte des événements extrêmes via les téléphones portables. Comme exemple marquant, il a cité le cas de la municipalité d’Aveiro, au Portugal, qui, grâce au budget participatif, a priorisé la construction d’un réservoir d’eau pour éteindre les incendies en cas de fortes chaleurs, avant l’arrivée des pompiers.

« Les TIC et la presse, parmi les bons exemples de gestion participative »

L’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que le partage d’informations avec les médias sont des pratiques exemplaires de gestion inclusive et participative dans la réponse au COVID-19. Cette perspective a été soutenue par Ivalda Macicame, intervenante lors du Forum et directrice nationale des enquêtes et de l’observation sanitaire à l’Institut national de la santé (INS). Concernant l’utilisation des TIC, Mme Macicame a évoqué la surveillance en temps réel, c’est-à-dire l’utilisation d’un système électronique pour diffuser en temps opportun la situation épidémiologique.

Elle a également évoqué comme bonnes pratiques l’utilisation de sites web, de Facebook et de WhatsApp, qui ont permis aux citoyens de participer à divers événements durant la période de la pandémie COVID-19. Quant aux médias, l’oratrice a expliqué que c’est grâce à eux que la diffusion de l’information technico-scientifique s’est faite de manière aisée. Elle a également souligné l’important mouvement de participation aux interviews et aux programmes dans les médias, ainsi que la formation de professionnels dans ce domaine.

Par ailleurs, il est important de noter que cette thématique sur la “Résilience post-COVID” a vu non seulement la participation de différents praticiens et acteurs locaux, mais également d’autres organismes, notamment le ministère de la santé. Mme Prissilla Velasco Duarte, médecin généraliste, au-delà des présentations sur les bonnes pratiques de gestion inclusive et participative de la réponse au COVID-19, a présenté le rapport de traitement d’un patient ayant contracté le coronavirus.

« Le modèle occidental d’aide humanitaire renvoie au colonialisme »

Sur les questions relatives aux conflits, à la coordination et à la gestion de l’aide humanitaire, Dr. Calton Cadeado a souligné que cette dernière était principalement apportée par des pays occidentaux, ce qui faisait penser à l’histoire coloniale. Il affirme que cela implique une certaine division des responsabilités en Afrique. Il explique que même si l’aide humanitaire est aujourd’hui associée aux Nations Unies, cela ne change pas le fait que cela est dicté par l’Occident, ce qui crée des conflits à différents niveaux.

Il a pris l’exemple de la province de Cabo Delgado, qui a reçu une aide financière après le passage du cyclone Kenneth. Cependant, la population a exprimé son mécontentement en affirmant que l’aide n’a pas été utilisée de manière appropriée. Selon Dr. Cadeado, cela a entraîné un conflit entre la population et le gouvernement local. Pour résoudre ce problème, il suggère d’impliquer davantage les autorités locales, en particulier les jeunes, et de promouvoir une communication transparente entre le gouvernement, la société civile et d’autres entités.

En plus des conflits et de la coordination de l’aide humanitaire, les débats de la thématique des conflits géopolitiques ont également été l’occasion d’aborder la question de l’intégration durable des personnes déplacées.

Cette intégration durable implique de mettre en place des politiques et des programmes qui favorisent l’inclusion sociale et économique des personnes déplacées dans les communautés d’accueil. Cela peut inclure l’accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins de santé et à d’autres services essentiels. L’objectif est de permettre aux personnes déplacées de reconstruire leur vie de manière autonome et durable, ce qui pourrait considérablement réduire la dépendance de l’aide humanitaire.

« Les obstacles au leadership des jeunes femmes persistent »

Pour favoriser leur ascension et leur participation au développement socio-économique durable, le 4ème FIDEPA a lancé la discussion sur le leadership des jeunes femmes ainsi que sur les fléaux qui bloquent leur développement intégral et significatif dans la société. Les jeunes leaders sont confrontés à une série de paradigmes et de contraintes qui rendent leur développement professionnel encore plus complexe. Pour remédier à cela, il est nécessaire d’investir dans des programmes éducatifs et systèmes qui aident les femmes à développer leurs compétences, à prendre conscience de leur potentiel, et à créer un héritage de vie qui enseigne et inspire ceux qui les suivent.

Les panels sur la thématique de l’inclusion sociale, genre et jeunesse ont permis de souligner la nécessité d’avoir davantage de modèles féminins dans divers domaines tels que la communication, la politique, l’économie, le sport, entre autres pour encourager les femmes à se réaliser et développer leurs vertus. Une formation complète et la prise de conscience de l’autosuffisance sont clés pour briser le cycle de la pauvreté et des faibles niveaux d’éducation chez les femmes, tel que l’initiative Girl Move vise à le faire, notamment avec l’académie du leadership qu’elle propose.

Les mariages précoces ont également été cités comme un fléau qui empêche le développement des femmes et de leur descendance, souvent sous-alimentée et présentant des retards psychomoteurs. L’éducation a ainsi été préconisé comme outil et seule arme efficace pour réaliser le potentiel des femmes et leur donner la possibilité de faire une différence positive dans la société, au delà des politiques publiques, des forums et des programmes qui garantissent l’expression pleine de leur potentiel.

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