Développement local : un millier de communes à la traîne – Algérie

Le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, animant, hier, un point de presse à l’issue de la rencontre gouvernement-walis. © Louiza Ammi/Liberté

Le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, animant, hier, un point de presse à l’issue de la rencontre gouvernement-walis. © Louiza Ammi/Liberté


Seules 103 communes sur les 1 541 existantes sont considérées comme riches, soit une infime portion de 7%.
Le Premier ministre a encore une fois interpellé les élus locaux pour s’impliquer dans une nouvelle dynamique économique axée sur l’investissement et la valorisation des biens. Le pari paraît difficile quand on connaît le système bureaucratique qui bloque toute initiative dans notre pays.
“Le changement des codes communal et de wilaya, comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur, ne va rien apporter tant que le système bureaucratique du pays où tout est centralisé continue de régner”, affirme un élu d’Alger, précisant que le foncier, qui est à la base de tout projet d’investissement, échappe totalement aux communes.
“Les agences foncières et les Calpiref sont un instrument aux mains des walis, le président de l’APC est rarement informé des projets décidés pour sa commune”, précise-t-il. Au lieu de tenter de changer les choses par des instructions, il est judicieux de revoi les lois qui ont une relation avec l’investissement, le foncier et les banques. “Impliquer les P/APC  à avoir un autre regard sur la gestion eu égard à la situation économique, c’est bien, mais il faut regarder les choses en face : pour avoir un livret foncier ou un document d’arpentage ou un permis de construire, il faut attendre des mois et des mois”, dit-il, préconisant une refonte du système en instaurant des lois de décentralisation qui permettent de réaliser les projets souhaités par les pouvoirs publics.
“Avec une administration centralisée où tout passe par les ministères qui, eux-mêmes, sont infectés par le virus bureaucratique, on voit mal des élus s’engouffrer dans une démarche où des ministres, eux-mêmes, n’arrivent pas à s’en sortir”, ajoute-t-il. Par ailleurs, tout le monde connaît l’état de nos communes où près des deux tiers des 1 541 communes du pays sont classées “pauvres”, selon un responsable du ministère de l’Intérieur.
Seules 103 communes sur les 1 541 existantes sont considérées comme riches, soit seulement 7%. Évidemment, une richesse qui dépend de la TAP et non des investissements. Hassi Messaoud est riche grâce au pétrole, Oran grâce au gaz, Dar El-Beïda grâce à l’aéroport, Rouiba grâce à la zone industrielle, etc. Ainsi, selon une classification faite par ce ministère, basée sur un ratio de richesse prenant en compte les ressources de la commune et sa population, 62% des communes (958 communes) sont classées pauvres en 2015, contre 31% (480 communes) classées moyennes et 7% (103 communes) sont considérées comme riches, a fait savoir le directeur des finances locales à la Direction générale des collectivités locales de ce ministère, Azzedine Kerri, lors du séminaire d’assistance technique et d’échange d’informations coorganisé par le Programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’association avec l’Union européenne. Selon le même responsable, la plupart des communes pauvres ont une vocation agropastorale.
En termes de population, 13% de l’ensemble des communes ont moins de 5 000 habitants, 26% comptent entre 5 000 et 10 000 habitants, 53% ont entre 10 000 et 50 000 habitants, 5% entre 50 000 et 100 000 habitants, alors que 3% des communes comptent plus de 100 000 habitants. Et même les communes riches sont aussi mal gérées à cause de divers facteurs dont la bureaucratie et la politique de centralisation qui empêchent toute prise d’initiative. “Ce n’est pas une question de ressources et d’argent, c’est un système qu’il y a lieu de revoir pour permettre aux communes de décoller et de s’inscrire dans cette nouvelle démarche économique prônée par le gouvernement”, affirme un cadre financier.
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