Burkina Faso : Internet et démocratie: les web activistes célèbrent leur grand-messe à Ouaga
Burkina Faso : Internet et démocratie: les web activistes célèbrent leur grand-messe à Ouaga
Sur initiative de la Ligue Africaine des web activistes et blogueurs pour la démocratie (Africtivistes), plus de 200 blogueurs et web-activistes venus d’une quarantaine de pays sont actuellement réunis en sommet à Ouagadougou pour débattre du thème «De la démocratie numérique en Afrique: quel mécanisme de collaboration entre gouvernement et acteurs de la société civile?» La cérémonie d’ouverture, présidée par Roch Marc Christian Kaboré, a eu lieu ce 22 juin 2017.
Créer pour les jeunes, un espace de partage de stratégies et construire des ponts entre les différents mouvements activistes et ceux qui ont la responsabilité de la gouvernance, promouvoir la solidarité et l’action commune, tels sont, entre autres, les objectifs visés par «les Africtivistes», venus débattre avec les politiques sur la place qui est la leur dans la construction de la démocratie, à travers une quinzaine de thématiques. Les débats promettent d’être riches en enseignements au vu des sujets à développer.
Poil à gratter
Ce sommet est le deuxième du genre, après celui de Dakar en novembre 2015. Si le Burkina Faso a été choisi cette fois-ci pour abriter la grand-messe des virtuoses du web et des réseaux sociaux, c’est pour rendre hommage au président Thomas Sankara, qui apparait aux yeux des activistes comme «le premier leader post indépendance qui continue d’influencer la jeunesse actuelle», confesse Cheik Fall, le président de Africtivistes.
Jeunesse contestataire et engagée pour la démocratie, les web-activistes et blogueurs du continent africain promeuvent la démocratie numérique, une approche plus participative à travers la veille citoyenne.
Ce sommet de Ouagadougou leur permettra de réfléchir sur les mécanismes de collaboration entre gouvernements et acteurs de la société civile.
Parfois considérés comme le poil à gratter des pouvoirs en place, ils sont souvent traqués pour les positions qu’ils prennent sur la toile. «Certains d’entre nous sont obligés de vivre en exil. D’autres ne jouissent plus de leur liberté. Je pense à Naïm Touré [activiste burkinabè inculpé et placé sous mandat de dépôt pour «appel à former un complot contre la sureté de l’Etat», «participation à une entreprise de démoralisation des forces de défense et de sécurité» et «incitation de troubles à l’ordre public» après avoir appelé les forces de défense et de sécurité à “recadrer” le gouvernement, NDLR]. C’est le lieu pour moi, M. le président, de vous demander d’être notre porte-parole auprès de vos pairs», a plaidé Cheik Fall auprès de Roch Marc Christian Kaboré.
Le chef de l’Etat, qui présidait la cérémonie d’ouverture, a estimé que le thème du sommet de Ouagadougou marque la volonté affichée des participants de contribuer, par leurs suggestions, interpellations et leur veille citoyenne, à l’édification d’une gouvernance vertueuse au triple plan politique, économique et social. «A l’ère du numérique, a-t-il fait remarquer, les activistes et blogueurs sont devenus des informateurs de première main et contribuent ainsi à donner forme à l’opinion publique.»
Instruments de subversion
Cependant, qui dit grand pouvoir dit grande responsabilité. Raison pour laquelle Roch Marc Christian Kaboré attire l’attention des participants sur certaines de leurs devoirs. «Facebook et Twitter ne peuvent être considérés comme des espaces de non-droits ou des instruments de subversion ou de nuisance à la disposition d’acteurs mal intentionnés», met en garde M. Kaboré.
«Vous devez vous garder de donner dans la désinformation et la manipulation, toutes choses qui peuvent mettre à rude épreuve la paix, la sécurité et le vivre ensemble» conseille-t-il. Avant de conclure: «Seuls votre professionnalisme et votre intégrité seront les gages de votre crédibilité, et de l’efficacité de votre action citoyenne à travers la toile.»
Le président du Faso a également salué ce forum qui permet d’offrir aux web activistes et blogueurs un cadre de sensibilisation et de formation pour une saine utilisation des réseaux sociaux.
Le sommet de Ouagadougou devrait, au terme des deux jours d’échanges, déboucher sur la rédaction d’un programme commun sur la manière d’utiliser les voix des activistes au sein de la communauté pour influencer les institutions régionales.
source : fasozine.com