Madagascar : Bonne gouvernance et transparence budgétaire
Diégo, reflet d’une décentralisation modèle
Consciente de l’importance de la mise en place d’une décentralisation effective au pays en vue d’un développement durable, la République fédérale d’Allemagne a mandaté la coopération technique allemande (Giz) pour mettre en œuvre « le projet de développement communal inclusif et de décentralisation » ( ProDécid).
80 communes touchées directement par le projet
Le projet est actuellement à pied d’œuvre depuis 11 mois, dans trois régions de Madagascar, à savoir Analamanga, Diana et Boeny. Prévu se terminer en 2018, ProDécid pourrait se prolonger jusqu’à l’obtention d’une décentralisation effective et stable dans le pays.
30 communes sur 141 à Analamanga, 19 sur 46 à Boeny et 16 sur 66 communes à Diana. Ce sont les zones d’intervention de ProDécid durant son mandat de trois ans. En fait, les responsables se fixent un objectif d’atteindre 80 communes avant la fin du projet. Il s’agit de rapprocher l’Etat de la population et vice-versa. D’autre part, le projet entend inclure la notion de redevabilité et la participation citoyenne dans chaque collectivité décentralisée.
En effet, mis en place pendant plus de vingt années, le concept de décentralisation au pays n’a jamais été bien perçu par la population. «L’approche a été trop technique», a déclaré le directeur général du projet, Florian Garcia, lors de la présentation du projet. En résumé, on parle de décentralisation mais sa mise en œuvre n’est qu’une utopie. Car le concept et les lois changent en fonction des régimes en place.
«Le manque de compétence et d’expériences de la majorité des maires, la méconnaissance des lois régissant la décentralisation constituent une faille dans la mise en place de ce concept. Ajouté à cela, le processus de décentralisation qui demeure jusqu’ici incomplet avec l’inexistence des provinces et l’absence d’élus à la tête des régions», a expliqué le coordonnateur national du projet, Parfait Randrianatoavina.
Grâce au ProDécid, 65 communes sur les 1695 sont sur la bonne voie car elles commencent à devenir des promoteurs et des moteurs de développement local. Des formations octroyées aux maires apporteront les outils nécessaires afin de coordonner les interventions dans leur localité, de diriger d’une manière efficiente leurs communes et d’utiliser les ressources locales pour leur fonctionnement. L’appui institutionnel, le développement local, les services communaux de base ainsi que la fiscalité sont les axes principaux afin d’y parvenir.
Pour acquérir des résultats rapides, les responsables du projet ont fait appel à des journalistes malgaches. Ces derniers ont été formés spécifiquement sur la décentralisation et la gouvernance locale pour mieux mettre en pratique leur acquis.
Commune Antanamitarana, première dans tout Madagascar
La commune rurale de Joffre-ville et celle d’Antanamitarana, situées à Diégo II, sont toutes les deux concernées par le projet allemand. Elles sont un exemple de réussite de la décentralisation à Madagascar. Ces deux communes se distinguent par leur gestion administrative et financière transparente.
Mais la commune d’Antanamitarana, une commune nouvellement constituée en 2003 est en tête. Elle a obtenu la meilleure note sur l’Indice de gouvernance locale (IGL) avec comme outil d’évaluation la participation, l’inclusion et l’équité, la transparence et l’obligation de rendre compte, l’état de droit, l’efficacité et la transversalité.
Dans cette commune, tout est mis à la disposition des citoyens. Le budget, les dépenses, les appels d’offre, les procédures d’établissement des actes d’état-civil ainsi que leur coût, les notes d’informations et les notes verbales, sont affichés à l’entrée de la commune et bien mis en évidence en version malgache. Un guichet unique a été instauré où toutes les transactions financières s’opèrent. Les actes d’état-civil, en l’occurrence l’acte de naissance, sont délivrés en moins de 20 minutes, stimulant ainsi les parents à déclarer la naissance de leurs enfants.
D’ailleurs, le staff de ladite commune dirigée par le maire Amina, effectue systématiquement des campagnes de sensibilisation pour ceux qui sont encore dépourvus d’actes de naissance. Concernant les services de base, la commune dispose d’une école primaire publique, d’un CEG, d’un lycée ainsi que d’un centre santé de base, tous mis à la disposition des 6227 habitants.
Un projet destiné aux femmes vulnérables a également été mis en place. 35% des femmes de cette commune ont pu bénéficier de ce projet leur permettant d’améliorer leurs ressources financières et leur situation familiale.
«Le projet nous a aidés à mettre en place une gestion financière et administrative transparente qui nous a valu cette place», a fait savoir le maire Amina, aujourd’hui à son troisième mandat.
Aucune difficulté financière
Si la population des cinq fokontany composant la commune d’Antanamitarana est aussi confiante envers celle qu’elle a élue, c’est que cette dernière ne minimise, en aucun cas, l’opinion des citoyens dans la prise de décision. «Lors de l’élaboration du budget communal, nous faisons appel à la participation effective de nos concitoyens». Avec ce concept de budget participatif, la population d’Antanamitarana est confiante quant à la gestion financière avec un taux de recouvrement fiscal variant entre 70 à 85% durant les quatre dernières années. Par conséquent, les habitants s’acquittent régulièrement de leurs taxes et impôts, avec ou sans campagne. «Maintenant, nous n’avons aucune difficulté dans nos finances même si nous n’avons pas encore bénéficié de la subvention de l’Etat».
Les cinq fokontany ont élaboré un plan de développement. Dans ce plan, ils ont respectivement établi une stratégie de recouvrement des impôts. Le projet du fokontany qui se distingue par l’acquittement des taxes sera priorisé. Cette méthode de travail a incité les partenaires techniques financiers (PTF) à collaborer avec cette commune.
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